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Il y a quelques années, on parlait par exemple d'ouvrir des Clis en maternelle, est-ce toujours d'actualité ?

La réflexion est continue. Nous sommes toujours, dans notre département dans une nécessité d'ouverture de Clis et il est compliqué d'arriver à la hauteur des besoins qui sont signifiés. Même avec nos 73 Clis, on a encore des élèves qui ont des notifications MDA et qui n'ont pas accès à une Clis. Notre première urgence chaque année, est de trouver les moyens pour que ces élèves-là aient une place en Clis. On ne parvient pas, pour l'instant, à se demander si on peut structurer encore les Clis et s'il est opportun de faire des Clis de petit niveau, notre urgence est d'abord de faire en sorte que chaque élève trouve sa place.

Concernant la formation des enseignants sur le handicap, s'est-elle développée ? Combien d'heures cela représente-il ? Quels sont les sujets abordés ?

Elle se développe en regard de ce que les enseignant manifestent comme besoins. Et effectivement cette problématique là les interroge, je pense pour deux raisons. La première c'est que, notamment dans le premier degré, la scolarisation en milieu ordinaire de l'ensemble des élèves porteurs de handicap est de plus en plus fréquente. C'est l'effet de la loi de 2005. Cette demande étant très forte, les enseignants sont de plus en plus en situation, potentielle, d'avoir un ou deux élèves porteur de handicap dans leur classe. Et, comme ce sont des élèves qui questionnent directement l'exercice du métier d'enseignant, ces derniers expriment le besoin d’être formé. La formation se développe en conséquence et bien évidemment à hauteur des moyens que l'on peut y consacrer.
En ce qui concerne le premier degré il y a, cette année, sur le plan de formation à l'adresse des enseignants titulaires, 2 stages de deux fois 24h sur le thème de « la scolarisation en classe ordinaire d'un élève porteur de handicap ». Avec, comme volume pour chacun des stages, entre 15 et 20 enseignants. Et puis un stage de 48h autour de ce thème aussi, mais plus approfondi. Ensuite, on accompagne toujours les enseignants qui sont nommés en Clis ou en Ulis.
En ce qui concerne la formation des nouveaux enseignants, les professeurs stagiaires, ils ont une journée centrée sur ce thème* au sein de leur formation en alternance.
Dans ces stages, on y aborde à la fois la prise en charge de la difficulté scolaire, l'élaboration du PPS lorsque c'est nécessaire, la façon dont il se constitue, la façon dont on le conduit dans les équipes de suivi, et à la fois le travail avec les partenaires.
Peut-être faut-il ajouter qu'une formation à l'adresse des enseignants du second degré est aussi proposée, au niveau académique cette fois-ci, puisque leur formation est gérée par le rectorat.

Les AVS sont toujours très attendues lors des rentrées scolaires. En tant que parent nous avons souvent l'impression que la scolarisation d'un enfant est soumise au temps de présence de cette personne. Qu'en est-il exactement ?

Je pense que nous avons encore beaucoup de travail à faire à l'adresse des équipes d'école. Parce que, bien entendu, la notification d'une AVS ne signifie pas le temps de scolarisation potentiel d'un élève. On est bien d'accord. Tout élève à droit au temps de scolarisation total qui est donné par la loi, les programmes et l'organisation de l'institution. L'AVS est là pour accompagner l'élève dans le développement de ses apprentissages et dans le développement de son autonomie. Les enseignants sont là pour accueillir tous les élèves sur la globalité du temps scolaire. Ensuite, quand on est face à un élève qui a, par le handicap qu'il porte, une difficulté particulière à "subir" le temps scolaire, est fatigable, a des difficultés de concentration, son comportement est impacté par l'environnement dans lequel il se trouve. Tout cela peut venir questionner le temps de scolarisation et c'est dans le cadre du PPS que les choses se décident avec l'accord des parents, mais indépendamment du temps d'AVS notifié. Finalement je ne fais que redire la loi.

Est-ce qu'on peut alors interpréter ces situations comme issues d'une mauvaise information, une méconnaissance ou même une crainte de la part des enseignants ?

Oui, effectivement, ils ont des craintes de ne pas savoir faire et de ne pas pouvoir faire. Souvent il y a les effectifs qui sont mis en avant, ce qui, il est vrai, n'est pas forcément très facile dans certaines situations. Ils sont aussi démunis. Parfois ils ne pensent pas aux outils qu'ils pourraient utiliser soit à l'adresse de l'élève en question, soit à l'adresse des autres élèves pour pouvoir s'occuper plus particulièrement de cet élève. C'est à dire que cette crainte que vous soulignez, ils l'expriment comme un moment où ils ne savent plus comment exercer leur métier.

Je rebondis, car il serait très intéressant, par exemple, que des associations puissent mettre à disposition des équipes enseignantes, des temps d'écoute, d'échanges, pour leur donner des pistes de travail et mieux appréhender le handicap ? Qu'en pensez-vous ?

Alors je vais vous emmener dans l'actualité de l'éducation nationale. Ce que vous me dites là est une des conclusions de la concertation sur la refondation de l'école. Il y a le soulignement de la nécessité d'un partenariat construit, accru et dans le partage des savoirs. Après la question est "Comment l'instaurer auprès des enseignants" puisque, vous le savez bien, la particularité du métier d'enseignant c'est que tout le monde pense savoir être enseignant. Ce n'est pas toujours un métier qui est reconnu. Par exemple, vous ne questionnerez pas forcément une infirmière sur la manière dont elle utilise ses seringues. On questionnera assez facilement un maître d'école sur la façon dont il donne ses devoirs, dont il écrit au tableau, la façon dont il conduit sa classe. Et donc les enseignants sont un peu sur la résistance avec cette impression d'être toujours dans la nécessité de se justifier, de justifier leur métier.
Votre proposition est donc surement très vraie, mais j'imagine mal de mon côté que l'on propose aux enseignants de rencontrer les associations comme ça à brûle-pourpoint. Il faut une réflexion en amont pour que ça marche. Il ne faut pas oublier que l'on travaille sur de l'humain, pour des élèves, et on s'aperçoit que s'il n'y pas le besoin exprimé ou le professionnalisme, ça ne sert pas à grand-chose…
Je ne sais pas comment on va passer de la concertation à la loi d'orientation et ensuite à la mise en œuvre de cette loi, mais en tous les cas c'est une tendance lourde. Je pense que nous, les pilotes, avons à travailler en concertation avec les associations, de façon justement à trouver les modalités, avec toute la modestie qu'il nous faut avoir pour être efficace.

* Sur l'ensemble du temps de formation qui représente, quant à elle, un tiers de l'année scolaire.