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M. DOHEN et A. ROCHET CAPELLAN (Grenoble), ainsi que de R. TSAO (Aix Marseille)

Communication multimodale et adaptations interpersonnelles pour améliorer la communication des personnes avec Trisomie 21

Multimodal communication and interpersonal adaptation to improve the communication of people with Down Syndrome

Marion DOHEN et Amélie ROCHET-CAPELLAN

Univ. Grenoble Alpes, CNRS, GIPSA-lab, F-38000 Grenoble, France

La parole est le système de communication le plus complexe et le plus long à acquérir. Elle repose en effet sur un contrôle précis, rapide et coordonné du conduit vocal, du larynx et de la respiration. Ces actions sont guidées par les retours sensoriels auditifs et somato-sensoriels. La recherche d’une part et l’expérience des professionnels et des familles d’autre part montre que la parole est un réel défi pour la majorité des personnes avec Trisomie 21 (T21). Par exemple, une enquête menée aux USA auprès de parents (Kumin, 2006) suggère que moins de 1,5% des parents évaluent l’intelligibilité de leur enfant avec T21 comme étant parfaite. Plusieurs travaux suggèrent cependant que le trouble de production de la parole observé chez les personnes avec T21 ne peut s’expliquer uniquement par leur déficience intellectuelle. Ainsi, Cleland et al. (2010) ont observé une absence de corrélation entre l’intelligibilité de la parole et les capacités cognitives, et en particulier de compréhension du langage, chez les enfants et les adolescents avec T21. Pourtant, les difficultés que rencontrent les personnes avec T21 pour s’exprimer avec la parole amènent leurs interlocuteurs tout-venants à surévaluer leur déficience intellectuelle et à adopter des comportements communicatifs qui aggravent en retour les difficultés d’expression des personnes avec T21. La recherche fondamentale apporte de plus en plus d’éléments empiriques et théoriques montrant le rôle déterminant des facteurs environnementaux, corporels et socio-culturels dans nos capacités à comprendre, agir et percevoir: (1) le langage s’inscrit dans nos systèmes sensori-moteurs avec des liens forts entre parole et gestualité manuelle ; (2) le dialogue entre deux personnes implique des mécanismes automatiques d’adaptation de la parole et de coordination sensori-motrice entre les partenaires qui participent à construire un espace communicatif facilitant l’échange. Ainsi, le geste manuel et les adaptations interpersonnelles sont deux voies que la recherche se doit d’explorer pour améliorer la communication et l’intégration sociale des personnes avec T21. Cette présentation exposera comment la recherche récente sur la parole et la communication peut être appliquée pour évaluer et créer de nouvelles méthodes de prises en charge et de nouveaux outils pour aider les personnes avec T21 à mieux communiquer. Cette démarche sera illustrée par la présentation du projet de recherche « Communiquons Ensemble » (www.communiquonsensemble.com), construit autour de ces enjeux, et les premiers travaux et résultats obtenus dans le cadre de ce projet.

Mots clefs : Trouble de l’articulation, Communication située, Communication multimodale, Gestualité manuelle, Adaptations interpersonnelles
Keywords: Articulation deficit, Situated communication, Multimodal communication, Manual gestures, Interpersonal adaptations

Marion Dohen est enseignante-chercheure au laboratoire GIPSA et à Grenoble-INP. Elle a une formation en sciences cognitives. Sa recherche porte sur la multimodalité et la multicanalité de la communication. Un de ses intérêts principaux porte sur les liens moteurs entre la main et le conduit vocal pour comprendre comment les deux systèmes pourraient mutuellement s’entraîner et faciliter la communication. Marion travaille depuis quelques années maintenant à appliquer les résultats de la recherche dans ces domaines pour les personnes ayant des troubles de la parole et de l’articulation en particulier.

Amélie Rochet-Capellan est chercheure au CNRS, au laboratoire Gipsa, à Grenoble Université Alpes. Elle a une formation en sciences cognitives incluant des compétences en psychologie, informatique et contrôle moteur. Sa recherche porte sur le rôle des interactions entre le corps et l’environnement sur la cognition en général, et sur le langage en particulier. Un de ses objectifs est d’appliquer ces connaissances pour l’amélioration de la communication des personnes avec T21.